
Amie Lectrice, Ami Lecteur, si vous êtes, comme moi, un aficionado des films Hollywoodiens au charme un brin suranné, vous apprécierez la lecture de ce livre de Vincent Duluc, par ailleurs, émérite journaliste sportif, qui écrit en permanence des articles enlevés, ciselés, soignés en écriture, sur mon équipe de cœur, l’Olympique Lyonnais, dans le journal L’Équipe, puisque je vis en cette Ville, depuis près de quarante ans.
Carole Lombard est décédée, très jeune, alors que sa carrière était reconnue, mais qu’elle pouvait encore aller plus loin.
Elle a été victime d’un terrible accident d’avion, alors qu’elle revenait d’un meeting, haranguant les foules, en plaçant sa notoriété, pour que l’Amérique entre en guerre, se positionne en appui des démocraties occidentales, surtout après le terrible impact de Pearl Harbor.
Elle était proche du parti démocrate, très en soutien de la politique de Roosevelt.
Elle vivait avec Clark Gable qu’elle avait épousée, après plusieurs déboires sentimentaux personnels.
Elle était devenue celle qui vivait avec le grand Clark, ce coureur de jupons invétéré, aux relations dissolues, souvent ravagé par les méandres de l’alcool lancinant.
Elle avait conquis celui que toutes les femmes rêvaient d’embrasser, d’attendrir, que les actrices d’Hollywood voulaient pour elles. Clark était resté avec Carole, avec elle seule, dans un respect mutuel de leurs indépendances, dans la volonté de construire un projet commun, tout en acceptant de se critiquer et de prendre des marques avec des différences, par fréquences.
Carole avait pris l’avion pour rejoindre plus vite Clark, qu’elle imaginait, peut-être, dans les bras d’une autre, après ce meeting patriotique où sa prise de parole fut tellement saisissante, en ce début 1942, qu’elle a pu récolter de fortes donations pour l’effort de guerre et pour l’appui aux soldats.
Clark a tellement été ravagé par ce coup du destin, lui, l’homme à femmes, lui l’amant aux aventures systématisées et volages, que, jamais plus, il ne retrouvera un amour d’une telle intensité, qu’il organisera un mausolée où reposeront pour l’éternité, unis à jamais, Carole et Clark.
Clark se sentait plus proche des Républicains, de leur conservatisme à la fois éloigné des émancipations des ségrégations et des acceptations libérales sollicitées notamment par les féministes, mais au contact de Carole, il deviendra plus ouvert, plus à l’écoute, acceptant des messages différents, parce que c’était elle, parce que cela venait d’elle…
Ce livre est écrit magnifiquement car :
- Il sait parler des amours, des passions, des extases, il montre que la relation charnelle de Carole et de Clark était à la fois résolue et irrésolue, car ils se sont aimés, ils s’aimaient, mais ils s’épiaient et se défiaient en permanence, tout en conservant la saveur d’une union concrète, marquante et fiable.
- Il sait évoquer les excès, de l’alcool pour Clark, des jalousies même masquées et des secrets enfouis et rudes familiaux (notamment avec le rôle intrigant joué par sa mère, disparue aussi lors du même accident d’avion) pour Carole.
- Il décrit des films merveilleux (« Autant en emporte le vent »), mais aussi des niaiseries sur lesquels les acteurs et actrices Hollywoodiens devaient retour à leurs producteurs, elles et eux qui étaient starifiés, grassement payés, mais peu considérés, peu admis aux débats, souvent livrés aux obéissances et à la servilité de ce que l’on créait pour elles et eux.
- Il montre le racisme ambiant, la phallocratie récurrente, le poids des combines (si un acteur commet une faute, on fera tout, y compris le pire, pour la laver et qu’elle ne s’ébruite pas) dans des studios fascinants mais qui enferment.
- Il vous donnera envie de retrouver Carole dans ses films, notamment dans « Nothing sacred », traduit stupidement en français par « La Joyeuse suicidée », et de revoir Clark, dans son dernier film « The Misfits » (« Les Désaxés ») , où Marylin Monroe avait l’impression de croiser son père spirituel, elle aussi, comme lui, pour son dernier film…
- Et ce livre vous montrera comment les studios Hollywoodiens créaient de toutes pièces les lumières et les adorations, les amours et les crises, souvent pour développer des sensations incessantes chez les spectateurs, mais aussi en régentant les vies d’actrices et d’acteurs fascinés, souvent malheureux…
Un livre brillant, avec un style très expressif, qui montre que Vincent Duluc sait être , à la fois, un journaliste captivant et un auteur qualitatif.

Éric
Blog Débredinages
Carole & Clark
Vincent Duluc
Stock Roman
18.50€