Amie Lectrice et Ami Lecteur, je vous incite fortement à suivre mes humbles pas et ainsi à pénétrer l’univers de ce roman noir très maîtrisé, associant une histoire structurée et des enchevêtrements récurrents avec les réalités sociétales, qu’elles soient liées à certaines combines politiques ou au déploiement du « secret défense »…
Nicolas a été soldat et a été mobilisé dans ce que l’on appelle pudiquement « les opérations extérieures » et notamment dans celles de l’Irak de la guerre du Golfe, lancée officiellement (commentaire personnel) pour défendre la souveraineté du Koweït envahi par les troupes de Saddam Hussein (qui fut l’allié de la France pendant de nombreuses années, après avoir été reconnu comme le dictateur funeste qu’il avait toujours été…) ou au Congo-Brazzaville, pour le maintien de l’ordre public et accessoirement (nouveau commentaire personnel) pour maintenir en place la famille de dirigeants au pouvoir, pourtant appelée de manière récurrente, en les tribunaux Parisiens, pour les biens mal acquis…
Nicolas semble avoir été victime du syndrome du désert, appellation communiquée par l’armée, qui a aujourd’hui encore du mal à reconnaître sa responsabilité (dernier commentaire personnel) sur les dommages collatéraux vécus par les forces alliées, et donc le contingent Français, lors de l’utilisation de gaz paralysants visant à stopper la progression des forces Irakiennes mais se voulant non nocifs… Il reste que les vents ont renvoyé les gaz à leurs prescripteurs causant des pathologies neurologiques à de nombreux soldats, mais que l’on a refoulées pendant des années, prétextant leurs troubles psychologiques individuels…
Nicolas a quitté l’active, par obligation médicale, mais il se convertit, en étant chargé de la protection rapprochée, nouveau terme élégant employée pour la vigie…, en travaillant pour un ancien condisciple auquel il a sauvé la vie au Congo-Brazzaville, alors que ce dernier avait tenté une intervention inutile et provocatrice, ayant entraîné le décès tragique d’une relation de Nicolas, dont le souvenir le hante encore, puisqu’il a dû la laisser en agonie, obligé qu’il était de se replier. Ces passages, en le roman, sont décrits avec délicatesse infinie et plongent en la vraie littérature, celle qui décrit et invite à penser…
Quand son ancien condisciple lui propose une opération sur Marseille, lucrative, alors que Nicolas est en proie à des soucis financiers compliqués, ce dernier accepte, ne sachant pas où il met les pieds…
L’auteur organise un récit palpitant, entraînant, pétri d’humeur et d’humour et dévoilant des réalités de Marseille, sans aucune concession.
Nicolas sait qu’il a pour objectif de suivre un gros bonnet du trafic de drogue et que ce dernier est suspecté d’avoir fait exécuté un adolescent, visiblement qui n’aurait pas tenu ses « objectifs » ou qui s’en serait écarté…
Il rencontre, sur place, les organisateurs qui souhaitent qu’il soit mis hors d’état de nuire et on lui livre des consignes qu’il est prêt à observer puisqu’il a accepté la mission…
Quand il revient à son hôtel, après avoir proposé un dîner à la jeune réceptionniste, qui en a accepté l’idée à la vraie surprise de Nicolas, il observe, tout en se camouflant, que le dit gros bonnet a été exécuté en l’hôtel, et qu’il devient ainsi la personne recherchée, le Parisien recherché…
Nicolas veut comprendre ce qui est advenu et peut compter sur deux alliés : la sensuelle Djamila, la réceptionniste de l’hôtel qui n’a pas froid aux yeux et qui comprend vite que Nicolas associe force, lucidité et volonté de quête de vérité et avec lequel la relation s’ouvre sur tous les plans, et Jean-No, ancien docker, installé en les réseaux de Nicolas, et qui sait repérer chaque recoin de Marseille pour s’y faufiler avec soin, en ayant toujours un plaisir profond à communiquer sur l’histoire et le patrimoine des lieux parcourus, même en pleine urgence… Ces scènes-là se placent en cinématographie, et on attend la version filmée de ce livre, charpenté avec dynamique.
Nicolas devra cerner la part de crédibilité ou de supercherie de ses commanditaires, et surtout il va devoir affronter des situations redoutables quand la direction de cabinet de la mairie de Marseille semble être en cheville étroite avec des gangs du trafic de drogue…, eux-mêmes décidés à en découdre entre eux, sachant que « des territoires » ont été définis et qu’il ne convient pas d’en dériver… et que les édiles locaux peuvent parfaitement prendre un accord qui pourra être remanié en fonction des évènements et des profits à réaliser.
L’auteur ne se place pas en une volonté de dénoncer des pratiques mafieuses ou des corruptions, il s’intègre en la volonté de construire une histoire et un roman noir et urbain tonique et convaincant.
Mais il sait glisser quelques messages précis sur les effrois causés par le trafic de drogues, en certains quartiers de la ville, où les règlements de compte sanglants sont légion et où la réalité rude dépasse la fiction romancée.
Il s’attarde aussi, par entrelacements successifs, à évoquer les collusions entre monde des affaires, milieu politique et personnalités peu recommandables, et le passage qui se déroule au stade Vélodrome (que l’on appelle stupidement, pour encore une histoire de fric, Orange Vélodrome, der de der des commentaires personnels, alors que le dernier était suggéré plus haut, je sais…) s’insère de manière très documentée, car il relate tous les coups fourrés et abjections susceptibles d’abriter des relations aussi confuses et inconséquentes, en une ville que Jean-No rend, comme elle l’est (je la connais bien) fraternelle, en vécu ouvert de quartiers composites, et au bord de mer invitant pour une sieste, une promenade ou un romantisme amoureux.
Nicolas arrivera-t-il à ses fins et à remonter la filière du trafic de drogue en large échelle ? Quel est l’enjeu de cette pochette qu’il récupère chez la femme d’un parrain, qui ne se fait plus aucune illusion sur un mari qu’elle a abandonné et qu’elle méprise et dont les photos semblent plus que compromettantes ? La désirable Djamila, qui apporte son aide et son appui sans compter, renferme-t-elle une fêlure enfouie ?
Je vous laisse lire, à satiété, ce roman enlevé et très bien ficelé, qui vous donnera envie, envers et contre tout, de retourner à Marseille et de parcourir la ville, avec Jean-No pour guide, entre corniche Kennedy et lacets routiers ou tunnels urbains.
Merci à l’auteur et à Asphalte-Editions.
Eric
Blog Débredinages
Le Parisien
Jean-François Paillard
Asphalte Editions – 21€