Amie Lectrice et Ami Lecteur, je vous avais narré l’an passé quel fut mon contentement à la lecture de l’univers de Rita Falk, lors de ma découverte de l’auteure avec son opus « Choucroute Maudite ».
Elle associe humour décapant, décalage volontaire, et ingrédients de roman noir ciselé, permettant de délivrer une enquête policière mêlée étroitement à une analyse sociétale de la ruralité de Bavière.
J’avais particulièrement aimé le caractère du commissaire Franz Eberhofer, personnage truculent et direct, qui ne se laisse pas encombrer par des principes théoriques et qui sait manier une investigation pour aboutir à sa résolution, malgré les embûches et les vicissitudes.
Et Franz ne peut pas passer une journée sans avoir le plaisir de savourer quelques douceurs de charcuterie, quelques plats émérites de sa « Mémé » et en dégustant régulièrement des bières. On pourrait considérer qu’il s’agirait de poncifs sur le Bavarois et l’on se tromperait, l’auteure dénonce les insuffisances de sa Région et ses petites lâchetés mais sait aussi nous rappeler aux courtoisies de la vie et aux partages des bonnes choses.
Le commissaire est appelé par le Principal du Collège, qui vient de découvrir des inscriptions insultantes très claires sur le mur de sa maison. Franz repère assez vite que le Principal ne lui apparaît nullement sympathique et que cet avis est sévèrement partagé par les élèves et les parents qu’il peut rencontrer en ses sphères amicales.
Le Principal demeure absent et injoignable, pendant quelques jours, et le commissaire se rend chez la sœur du Principal, qui n’a plus de contact avec lui depuis longtemps et qui ne le considère pas comme membre de sa famille, et qui se désintéresse de lui ; quand le Principal refait apparition, le Commissaire est intrigué et quand il se rend chez lui, il ne peut que corroborer son impression de départ sur la suffisance de l’intéressé et son peu d’intérêt en relationnel.
Mais quand son cadavre est retrouvé « façon puzzle », sur une voie ferrée, après le passage d’un train, notre Commissaire penche rapidement pour une exécution et pas pour un suicide.
Ce roman vous apportera successivement ou de manière délicieusement entremêlée :
- Une mise en bouche totalement formidable avec la confection notamment des petits pains à la vapeur de « la Mémé » et en croisant la charcuterie saisissante et savoureuse de chez Simmerl, que Franz affectionne
- Une appréciation très drôle des péripéties amoureuses de Franz et de « sa Susi », qui n’arrivent pas à se détacher de leurs ébats ou de leurs tensions et coups de gueule, mais qui ressentent difficilement bilatéralement le possible amour de La Susi vers un bellâtre Italien dont nous attendons avec impatience la résultante pour un prochain opus…
- Une dynamite en règle des relations familiales avec l’agacement majeur du Léopold, le frère du commissaire, antithèse totale de son caractère, quand Franz réussit seul à endormir sa nièce métissée, qu’il persiste à appeler Sushi, en rajoutant un « s » à son prénom
- Une enquête méthodique appuyée sur des analyses médico-légales poussées et des expertises mettant en lien tous les réseaux professionnels passés du commissaire, où cohabitent Günter et Rudi, aux réalités totalement déjantées et/mais professionnelles
- Une drôlerie permanente et une cocasserie– même si le terme est galvaudé –jubilatoire, qui structure une lecture agréable avec une connaissance nécessaire de la vie sociétale en Bavière où les rapports de voisinage sont souvent épiés et où les cachotteries sont légion…
Une auteure formidable que je vous invite à apprécier et conquérir, qui m’a mis l’eau (et la bière…) à la bouche et pour laquelle la nouvelle livraison du prochain opus est attendue, en ma bibliothèque, en priorité.
Éric
Blog Débredinages
Bretzel Blues
Rita Falk
Traduit de l’allemand par Brigitte Lethrosne et Nicole Patilloux, bravo à elles !
Mirobole Éditions
19.50€
Avec mes amitiés vives à Sophie, fervente dénicheuse de romans différents et à qui j’adresse ma gratitude pour son travail d’éditrice ! Salut Sophie !
Et Rita, nous nous sommes rencontrés, l’an passé, après une conférence lors de Quais du Polar à Lyon, et j’avais discuté avec vous, avec mes rudiments de langue de Goethe, et ce fut un vif plaisir de prolonger les saveurs de vos romans en cet instant partagé.