Amie Lectrice et Ami Lecteur, je vous souhaite une année 2021 apaisante, protectrice en santé, nous permettant, aussi, de reprendre le cours d’une vie la plus « normale » possible…

Question « normalité », je suis toujours en introspection, car je considère que le systématisé rationnel et le permanent « classique » n’ont jamais apporté que la répétition de dogmes, alors que le différent et l’innovant forgent la création, assurent un partage de découvertes.

Question « normalité », OSS 117 – que vous avez forcément apprécié sous les traits de Jean Dujardin, sur le plan filmique – ne répond pas aux critères habituels, se place souvent en contradiction totale avec les attentes et repères, pour orchestrer une personnalité décalée, courageuse, volontariste, souvent iconoclaste, suscitant des débats récurrents pour celles et ceux qui le côtoient en ses aventures.

Pour cette première chronique de l’année, je me place en ses pas, avec la réédition d’un roman de son auteur de référence, malheureusement un peu tombé, injustement, dans l’oubli, Jean Bruce, avec un livre qui se déroule au Pakistan, au tout début de l’indépendance du pays, après la fin de l’Empire Britannique.

OSS 117, alias Hubert Bonisseur de la Bath, passe quelques jours aux Etats-Unis et recroise une de ses ex-compagnes de moments affectifs (Hubert, comme James Bond, collectionne les « conquêtes » pour une durée assez déterminée, et cette forme de phallocratie, sous-entendue, ne constitue nullement un méfait hautain de l’homme dominateur, mais une acceptation bilatérale, avec les femmes rencontrées, de moments de partages égalitaires) , Elaine, qu’il avait dû quitter brutalement, antérieurement, accaparé par une mission secrète qui l’obligea à partir sur le champ.

Il se permet de la séduire, de nouveau, en lui démontrant que l’homme avec lequel elle se trouve ne la mérite pas.

Sans trop de contraintes, peu rancunière du passé avec ce départ précipité proche de la goujaterie, acceptant les excuses d’Hubert, Elaine poursuit la route en direction de New-York, avec lui ; ensemble ils s’arrêtent, en un motel, pour une nuit qui s’annonce pétillante…

Mais Hubert reçoit la visite d’un membre des services secrets, qui savait où il se trouvait – car sa voiture est toujours surveillée – lui demandant instamment de partir, sur le champ, en mission, pour le Pakistan où Mary MacBean, dite Mamie, a disparu, alors qu’elle essaie de négocier la valeur de microphotographies Britanniques recensant les analyses et procédés permettant à un engin, quel qu’il soit, d’apparaître invisible, pouvant ainsi neutraliser aisément des tours de contrôle, représentant une avancée réelle dans la progression des stratégies, notamment militaires.

Hubert reçoit des papiers l’identifiant comme le neveu de Mary, qu’il doit retrouver, car il constitue la seule famille de sa Tantine…

Hubert interviendra, avec cavalcades, dans différentes régions du pays, de Karachi à Lahore, de la frontière Afghane à Peshawar, lieux aujourd’hui signes de terrorismes, d’ostracisme, d’absolutisme religieux et de tensions extrêmes, où tout occidental est honni.

Quand Hubert effectue sa mission, le pays est déjà livré à des trafics, calculs, vindictes et violences.

Hubert va devoir affronter, par deux fois, une relation avec un naja, qu’il retrouve dans son lit d’hôtel et dans un taxi.

Il est souvent mis en difficulté avec des éléments compromettants placés dans ses valises pour qu’il soit confondu par la police locale.

Il se doit de combattre, avec sa savate de boxe française, bien ajustée, contre un homme qui l’écoute attentivement et l’espionne, contre un possible ingénieur Allemand qui semble bien vouloir contrecarrer ses projets et retrouvailles avec Mary…

Il fera face à la chaleur intense et suffocante des avions locaux, des engins de transport du pays, se tiendra en permanence sur ses gardes, car il peut être épié, mis en cause et observé.

Sa rencontre avec Françoise va lui permettre d’affronter plusieurs nouvelles étapes.

Hubert découvre Françoise, comme danseuse de cabaret ; elle se met à ses côtés, à la fois par volonté de protection, partage des connaissances concernant les réalités du pays – puisqu’elle a accompli des missions pour son boss de club – et aussi par plaisir de partager la vie trépidante d’Hubert, pleine d’imprévus, avec des moments de repli doucereux, cependant…

Ensemble, avec des rebondissements et des perceptions mutuelles de trahison potentielle, ils vont avancer dans l’enquête qui permettra d’observer que les services secrets savent manipuler à la perfection, déclamer que rien n’est plus rationnel que l’irrationnel, car si l’on veut s’assurer que des plans de techniques nouvelles ingénieuses ne puissent s’évader, il est impératif de laisser appréhender l’idée que l’évasion est en cours, en la suscitant même…

Hubert, avec tact, élégance, sens de la répartie et de l’humour, à chaque instant, vous associera dans sa quête, au rythme de chapitres enlevés, très agréables en lecture, savoureux dans les chausse-trappes.

Hubert n’oubliera pas d’éviter de se faire abuser par des commerçants peu scrupuleux, par une police aux ordres des castes et n’omettra pas de rester en prudence permanente, car si le Diable se niche dans les détails, il se faufile aisément dans toute son aventure, que d’aucuns voudraient lui voir abandonner ou contrarier fortement…

Un livre irrationnel et subtil, pour une année que je vous souhaite subtile, puisqu’elle sera de facto irrationnelle, et cela a déjà bien commencé, avec une vaccination de 400 personnes en France contre 300 000 en Allemagne, pour la même période… Comprenne qui pourra…

Amitiés vives pour 2021, comme on dit joliment au Québec !

Éric

Blog Débredinages

Gâchis à Karachi

OSS 117

Jean Bruce

Éditions Archipoche