Quel bel opus poétique, apaisant, positif et humaniste, que je vous invite à savourer à satiété !

J’étais rentré dans l’univers de cet auteur par Montedidio, roman ébouriffant sur Naples et sur les relations tissées et enfouies en les profondeurs de la Grande Histoire et des petites (souvent méchantes) histoires qui jalonnent les tensions entre familles et voisinages.

J’ai retrouvé la ferveur talentueuse de l’auteur, à la fois conteur et passeur de mots et surtout vigie sans égale pour prôner l’entraide, la solidarité, la compréhension de l’autre et l’acceptation permanente des différences pour mieux s’enrichir, en ce roman pénétrant.

On sait qu’Erri De Luca est engagé pour la cause écologiste et pour le maintien d’une agriculture paysanne et qu’il a dû payer, par voie judiciaire de sa volonté de clamer haut et fort ses valeurs et convictions.

En ce roman court, lumineux, magistral, écrit avec un flamboiement percutant, il décrit l’univers d’un homme, passionné de montagnes et de promenades en forêt en nord d’Italie, qui, par solidarité affirmée du lien social, se positionne comme passeur de clandestins.

Sculpteur de son état, il décide de quitter son territoire avant d’être potentiellement inquiété par les autorités… et il trouve, en bord de mer, une petite église au sein duquel le prêtre recherche un artiste capable de restaurer une croix de marbre, avec un Christ vêtu d’un pagne, semblant cacher une nudité virginale lors de la conception de l’œuvre.

S’enchevêtre en ce roman à tiroirs un foisonnement de beautés offertes :

  • La force de la mer associée à la profondeur de la forêt
  • La limite de l’homme dénudé face à la pression de celles et ceux qui jugent, nudité s’entendant comme innocence en son acception large
  • La dynamique de l’artiste face à la critique de la bien-pensance
  • La volonté de la conviction face au jugement de valeur
  • L’amour charnel face à la nécessité de garder la tête froide rationnelle pour mener une vie passionnelle construite sur la durée ; la rencontre entre une responsable de maison d’hôtes et notre héros est racontée avec un romantisme exaltant et une tonalité exceptionnelle
  • Le dialogue entre le sculpteur profane et le prêtre exaltant le sacré, mais qui se retrouvent en des échanges d’harmonie, de félicité, d’écoute et de partage
  • La nécessité de réfuter toute forme d’obscurantisme face aux doctrines assénées
  • La volonté de faire corps et cœur avec les forces humanistes contre l’absence de compassion ou d’empathie

Lisez ce livre, il est beau, il est profond, il fait du bien, il apporte, il construit et il ouvre les esprits !

Une merveille de synthèse pour déclamer l’essentiel en notre monde troublé et incertain.

Mon coup de cœur, que je dédie à ma sœur, qui m’a offert ce livre.

Eric

Blog Débredinages

 

Erri De Luca

La nature exposée

Du monde entier – Gallimard

Traduit magistralement de l’italien par Danièle Valin